Bien sûr, ce pays n’était pas nouveau. Des frères avaient déjà un mas sur le Causse du Larzac et dès 1140, il existait un Maître du Temple en Rouergue lorsque Raymond de Luzençon avait pris l’habit de l’Ordre et fait un don de terres et de vignobles dans les dépendances de son château et une résidence près de l’église Saint Georges.

Onze ans plus tard, Raymond, abbé de Gellone, à la suite

Des Origines au Moyen Age

 

de difficultés financières, avec le consentement de ses religieux et l’approbation de Pierre, évêque de Lodève, et de Pons, évêque d’Agde, avait donné au Temple l’église de Sainte Eulalie avec toutes ses dépendances, moyennant une rente annuelle de 80 sols melgoriens et 6 fromages de 6 sous, qui devaient être portés à l’abbaye chaque année le jour de la fête des Rameaux. L’acte avait été passé en Arles en présence de Pierre de Rovera, Maître de Provence et d’Espagne, et Déodat d’Estaing (de Stagno) précepteur de Richerenches dans le Comtat Venaissin.

Rien ne laissait non plus deviner que cette maison, qui portera bien plus tard le titre de première Préceptorerie de la Langue de Provence, deviendrait la plus recherchée de l’ordre de Malte, qu’elle procurerait 80 000 livres de rente annuelle à ses Commandeurs derrière Saint-Germain-des-Prés, la plus opulente des abbayes avec 130 000 livres par an ; qu’elle donnerait au Temple son 18ème Grand Maître, Guillaume de Sonnac, mort en Egypte en 1250.

Nous sommes en 1152. Hélie de Montbrun devient Commandeur de Sainte Eulalie de Larzac, charge qu’il va conserver jusqu’en 1161, et reçoit la magnifique donation de Raymond Bérenger qui va permettre à l’Ordre du Temple d’acquérir des biens sur ce territoire, d’y fonder des villages et d’y aménager des fortifications. Il se disait en haut lieu que Raymond Bérenger tenait ces terres de son épouse Douce, fille de Gerberge, Comtesse de Provence, veuve de Gilbert de Millau, dotée en 1112.

Dans le pays, une vieille légende racontait que des moines occupaient déjà le site vers l’an 660, et que c’était l’évêque de Rodez qui avait confié le service de l’église de Nant aux Bénédictins, fraîchement arrivés dans le Sud du Rouergue au IXème siècle. Les moines y avaient construit leur premier prieuré "Ministerium Nantense" au Xème siècle ; ils disposaient du ravin de Durzon, de la Haute vallée de la Dourbie, et de 7 villages dans un rayon de 10 kms, ajoutant au fur et à mesure de leurs besoins des bâtiments neufs aux anciens. Le prieuré deviendra l’abbatiale indépendante Saint Pierre de Nant en 1135.

C’est dans ce contexte qu’ils restaurent et assurent le service d’une chapelle à chevet carré Saint Christol.

L’église et le hameau, explicitement mentionnés en 1135 dans une bulle pontificale promulguée par Innocent II, vont être progressivement récupérés par les Cisterciens, par l’acquisition progressive des dîmes et par un acte de donation que fait Frédol de Roquefeuil avec ses droits aux moines de l’abbaye de Sylvanès en l’an 1142, sous le nom de "Ecclesiam Sancti Christophori de Cooperturata", pour l’âme de son père et de son frère.

De l’ermite, ils ne connaissaient pas le nom, mais ils avaient tous entendu parler de la tradition des sept ermites du Rouergue, et de trois frères de la famille des Roquefeuil, puissants seigneurs de la région, amoureux de la même jeune fille, Berthe de Cantobre. Lorsqu’ils étaient partis pour la Croisade, elle avait décidé qu’elle épouserait le plus valeureux des trois à son retour. Les trois frères revenant de Terre Sainte, étaient arrivés juste à temps pour son enterrement car ne les voyant pas revenir, elle était morte de chagrin. Les trois frères, Alban, Guiral et Sulpice se firent ermites. L’abbatiale de Nant abritait les reliques de Sulpice, qui avait la réputation d’être "le Maître des Eaux", dans un coffret très ancien ayant la forme d’une arche placé dans la chapelle Saint Roch. Ce saint était fêté "le 17 janvier !". Quant à Guiral, dont le pied rocheux qui porte son nom est associé à un culte solaire, il était représenté sur un tableau dans l’église d’Arrigas, en moine, en train de lire un livre, entouré par deux anges, un crâne à ses pieds tourné vers lui.

Occupé depuis la préhistoire, par des chasseurs depuis 50 000 ans, par des paysans depuis 5000 ans - en témoignaient les nombreux silex et haches polies à même le sol - le site jouissait d’une certaine pérennité : dolmens, grottes, profonds avens, nécropoles, habitats gallo-romains, sources sacrées, rites celtiques, occupation wisigothique.

Au début de notre ère, une communauté matriarcale qui avait vécu là clans la Connaissance des forces telluriques et cosmiques des anciennes traditions païennes, avait laissé en témoignage dans une tombe un petit vase à deux anses contenant une poignée d’os calcinés, et une plaque de plomb brisée en deux et percée, gravée d’un texte gaulois en cursive latine. Evoquant les activités magiques d’un groupe de 7 sorcières, elle citait leur filiation par les femmes sur plusieurs générations afin de perpétuer la transmission d’une magie bien connue de la littérature irlandaise médiévale.

Là-haut, vers le Nord-Est, une barre montagneuse exerçait depuis les temps les plus reculés une véritable fascination sur les hommes jusqu’à la Méditerranée. Là-haut, les bergers amenaient leurs troupeaux pour les protéger des maladies, et avant de redescendre, y saignaient en sacrifice un boeuf noir en souvenir de Mithra. D’énormes blocs de granit creusés à l’époque celtique formaient un ensemble de défense titanesque, un véritable oppidum avec des caches aménagées dans les parois, des sièges entaillés dans la roche au nom de "fauteuils du diable", et le tombeau de Saint Guiral, roc énorme en forme d’arche.

Après, tout va aller très vite.

Tout près de l’ancienne église Saint Christol, et de la conque aménagée en point d’eau, réserve vitale dans une région où l’eau est rare, Hélie de Montbrun va faire bâtir un poste de guet, un gîte d’accueil avec un centre d’exploitation dont la direction va être confiée à un frère servant. Il va devenir rapidement une maison d’habitation doublée de bâtiments agricoles fonctionnels avec une petite chapelle jouxtant les salles conventuelles. Par la valeur de ses hommes, et leurs qualités de combattant et de gestionnaire, la Couvertoirade va acquérir très vite une certaine autorité et une autonomie économique indiscutable.

Ce sera un tournant décisif, préparé par l’action patiente de l’Ordre pendant vingt ans en Rouergue méridional.

En 1179, Alphonse, Roi d’Aragon va prendre le Temple et ses villes du Larzac sous sa protection et confirmer tous ses droits. Ricard de Montpaon et Brenguier de Molnar vont abandonner leurs droits sur les mazages de Lescaille, de la Blaquière et de Gogule (La Couvertoirade) pour 110 sols melgoriens neufs.

Le Comte Hugues de Rodez qui n’avait pas approuvé la concession du Roi d’Aragon, va accorder en 1187 aux Templiers l’alleu et la seigneurie de tout ce qu’ils avaient acquis dans son Comté, et les exempter de tous droits de taille, queste, leude et péages.

En 1189, l’évêque Hugues de Rodez, frère du Comte, va confirmer les donations et tous les privilèges spirituels de l’ordre dans la juridiction.

Ce mouvement d’abandon au Temple était accompagné de l’acquisition d’hommes et pas seulement de terres : Guillaume de Caylus avait fait don, pour la rémission de son âme et contre promesse d’être reçu à la maison de Sainte Eulalie quand il le voudrait, d’Hugues de Sarrus, de sa femme et de ses enfants nés ou à naître "pour que vous soyez libres de tout service et exaction à notre égard, et que nous ne puissions rien demander à vous et vos héritiers polir cause d’hommage, mais que vous soyez des hommes et des femmes libres pour Dieu et les frères de Temple". Les tenanciers ainsi libérés devront pourtant donner 5 sous par an aux Templiers "ob recognitionem hominii" et devront vendre et échanger leur honneur tenu désormais de ces derniers.

A partir de 1181 , on trouvera à Sainte Eulalie le Maître en Rouergue et sous lui le Commandeur local. Ce sera d’abord le Maître Bernard Escaffre, avec Raimon de Canet pour commandeur, puis avec Guillaume de la Garrigue pour commandeur en 1184, avec Frotard de Rocozels en 1187. En 1201, auprès du Précepteur Pierre de Campfaët, il y avait deux frères chapelains Raimond et Pierre Galtier, le cellerier Adam et P. Magni, preceptor bestiarii. L’importance de la Comrnanderie était telle qu’en 1206, il lui fallait un sous-commandeur. Ce sera Bernard de Surguières.

Les Commandeurs qui se succèdent : Etienne de Malleville, Guillaume de Saint Hilaire, Aymeric de Salles, Guillaume Arnaud, Raymond de Pesquières, etc... vont contrôler les trois grandes voies qui relient le pays des Ruthènes à la Narbonnaise : l’ancienne voie romaine doublée d’une route qui dessert la frange cistercienne de la "Roia" ; le Garni Romieu qui continue de desservir Saint Gilles ; la troisième voie passant par la Pezade et rejoint Gellone par Saint Pierre de la Fage et le Pont du Diable nouvellement construit par les moines de Saint Guilhem le Désert sur lequel ils perçoivent un péage.

Il s’agissait bien pour le Comte de Barcelone, même s’il avait toujours accordé une faveur spéciale et constante aux Templiers, d’une opération politique créer une vaste zone neutre, large front de protection en amont de la Méditerranée. Le Midi, y compris sur le plan religieux, cherchait à se séparer de la zone influencée par les Capétiens, et recevait les courants venus des domaines des Plantagenet, y compris le culte de Thomas Becket (ermitage d’Aurenquc).

Le Temple va prélever sur cet axe, aux péages de Sainte Eulalie, des Infruts et de la Pezade un impôt dont le produit servait à entretenir la garde veillant à la sécurité des chemins, et à venir en aide financièrement aux victimes des brigandages. Ils vont surveiller ainsi toutes les hautes vallées périphériques et les chemins du Languedoc vers la mer, la route du sel et les points d’eau, rassembler les populations éparses pour mieux les protéger, constituer de vastes parcours d’herbages pour la transhumance, et une zone de pacages stratégique pour l’élevage des ovins et des chevaux de guerre, qui seront ensuite embarqués sur les nefs du Temple à destination de la Terre Sainte.

Le péage de la Pezade marquait également la limite de juridiction de la Couvertoirade. En ce lieu, "La Pezada de San Forcan" rappelait la légende de l’empreinte du pied de Saint Fulcran, roche gravée ou simple excavation naturelle en forme de pied humain, remontant peut-être à l’âge du fer. C’est là en effet que Dieu déjoua le complot fomenté par Raimond, Comte de Rodez. Au moment ou il allait voler à Saint Fulcran l’argent qu’il portait sur lui pour acheter du blé en Rouergue destiné au ravitaillement de sa ville, des douleurs violentes le saisirent soudain l’obligeant à renoncer à son noir dessein. La tradition du miracle du saint évêque était commémorée par une croix, dressée contre la maison Camplo, au bord de la route nationale. Cet emplacement est aujourd’hui recouvert par la chaussée moderne.

L’installation des Templiers sur le Larzac ne s’était pas faite sans heurts. De nombreuses seigneuries avaient leurs terres sur le Causse, et nobles et abbés avaient dû s’effacer devant les moines soldats de gré ou de force. En 1249, le Comte de Toulouse avait protesté et demandé que les 3 forteresses de Sainte Eulalie, la Cavalerie et la Couvertoirade lui soient remises mais en vain.

Les relations avec les moniales de Nonenque étaient très mauvaises car les Templiers leur avaient imposé l’abandon de plusieurs domaines avec leurs droits. Elles allaient la nuit chaparder les gerbes de céréales dans les champs de l’Ordre. Elles volaient leurs bêtes à laine, et molestaient leurs donats sur la route de Millau. Sans compter les démêlés avec les Seigneurs de Creissels qui possédaient le château de Tournemire, avec le baron Pierre de Rancas, avec les seigneurs de Nant toujours à propos de territoires, avec le Comte de Rodez et avec tes habitants de Millau, en vertu d’un droit " ab antiquo" de mener leurs troupeaux sur le plateau et de les abreuver aux mares, et surtout avec les puissants seigneurs de Roquefeuil qui donneront plusieurs abbesses à Nonenque.

la politique d’appropriation systématique du Temple ne convenait pas du tout à ces puissants seigneurs propriétaires de nombreuses terres dans la région. De nombreux actes de brigandage et autres méfaits avaient été commis par Arnal de Roquefeuil, puis par son fils Guillaume : Le conflit avec la maison des Roquefeuil s’était réglé momentanément par un accord à l’amiable en 1258. Mais les Roquefeuil ont la rancune et la mémoire longue François de Roquefeuil, bien que membre lui-même de l’Ordre de Saint Jean de Jérusalem, n’hésitera pas à assiéger, piller et incendier Sainte Eulalie le 1er juillet 1377, en réponse à un procès que le Temple avait intenté à son ancêtre 120 ans plus tôt. Ce ne sera qu’à l’issue d’un ultime procès cri 1530, soit plus de trois siècles après, qu’un certain Bérenger de Roquefeuil acceptera sans conditions que les Commandeurs Hospitaliers jouissent de ses territoires.

Une vieille tradition rapporte qu’à une petite source dite Fontaine des Trois Evêques située dans le ravin aujourd’hui asséché de la Virenque (cours d’eau qui forme la Vis), à la jonction des trois juridictions, celle du Commandeur de la Couvertoirade, celle du Seigneur de Roquefeuil et celle de l’évèque de Lodève, ils auraient pris un repas ensemble et chacun pouvait présenter son gobelet sous le filet d’eau sans sortir de ses terres, la source marquant la limite des trois juridictions.

Roquefeuil et Templiers semblaient tous deux préoccupés par les mêmes mystères et les mêmes lieux, " chassant sur les mêmes terres spirituelles ". Depuis le château de la Couvertoirade, on pouvait apercevoir en regardant vers le Nord-Est un piton granitique (1366 mètres), objet de croyances et de rites païens depuis la nuit des temps la "Montana Roca Folio" ou pic de Saint Guiral, situé au-dessus des gorges de la Dourbie et du Vissec, où les Roquefeuil avaient leur château, la forteresse d’Algues. C’est de là qu’ils descendaient pour voici- les troupeaux des Templiers.

Démantelé sur ordre de Richelieu en 1629 pour avoir accueilli les protestants, il ne reste du château que la base d’une tour et les ruines d’une chapelle, les vestiges d’un mur en gros appareil et des marches taillées dans le roc. Outre les restes de deux autres chapelles, on peut voir une petite construction cri ruines avec un point d’eau. C’est là aussi que se trouve les fauteuils du diable et l’arche de Saint Guiral. Curieux, ces Roquefeuil par acte du 21 février 1002, Henri, Vicomte de Creissels et Baron de Roquefeuil, avait légué les revenus d’un territoire nommé "de Bonheur" pour créer un monastère qui deviendra un "Monastorium Boni Hominis", c’est à dire "des Bonshommes" en 1145 selon la charte 59 du cartulaire de "Notre Dame de Bonheur".

En 1158, les Templiers avaient donc élevé sur le promontoire rocheux un donjon de forme trapézoïdale et un château orienté Est-Ouest pourvu de lésènes d’influence lombarde sur sa façade nord du côté du cimetière seulement, c’est une tour de 21 mètres de longueur sur 10 mètres de large qui est édifiée avec une enceinte, des communs, une barbacane, la seule qui nous reste en Rouergue, et une minuscule chapelle réservée à l’usage des chevaliers qui résonnait toute entière au chant du "Non nobis, domine, non nobis, sed nomini, Tuo da gloriam". Des cavités naturelles, les conques (eau couverte), existaient dans le pic lui-même, à l’intérieur de l’enceinte, pouvant stocker de grandes quantités d’eau.

Les lésènes n’avaient pas l’usage de contreforts et on se demandera bien plus tard pour quelle raison il n’y en avait pas sur toutes les faces. Pas courant en Rouergue au XIIème siècle, ce svstème ne réapparaîtra qu’au XIVème siècle.

Ce sera là sur le Causse qu’il faudra venir pour trouver une certaine originalité dans l’architecture des monuments, et un savant système défensif hérité de l’Orient, rapporté de Terre Sainte semblable au krak des Chevaliers : des murs massifs d’assez grand appareil, avec des assises régulières en pierre de taille calcaire de longueur variable, mais toutes de hauteur identiques avec des souterrains et des caves creusées dans le roc.

Dès 1256, on utilisait dans le donjon circulaire un linteau droit couvrant les fenêtres, renforcé par un arc de décharge plein cintre. Les autres étaient en arc en accolade. On y trouve l’archère atypique la plus ancienne : une ouverture qui se présente sous la forme d’une rainure verticale dont le rapport entre la largeur et la hauteur est de 1 sur 5, suffisante pour l’usage de l’arc, seule arme à laquelle elle était destinée. On y trouve aussi les plus anciennes archères canonnières (1439-1445). Dans le mur de droite du château, juste avant de pénétrer dans la barbacane, une série de 22 petites ouvertures plus étroites, qualifiées "d’arquerie" sont apparentées à des meurtrières éclairantes, mais jouaient aussi un rôle défensif.

Le Templier est un moine qui a fait Vœu de pauvreté, chasteté et obéissance. La Charte de Charité des Cisterciens est le moteur de sa vie. Mais son ascèse est plus souple car le Templier est aussi et avant tout un soldat. A cet effet, il vit en communauté, pratique le silence, mange au réfectoire, partage son écuelle, couche en dortoir habillé de sous-vêtements fermés et ceinturés d’une cordelette, à la lueur d’une veilleuse. Dans la maison, il porte la robe de bure, à la chapelle le manteau blanc, sur le champ de bataille la cotte de maille, gantelets et jambières de fer. Il porte barbe et cheveux ras.

Dans le château fraîchement construit, s’organisent un cellerier (intendant et trésorier), un maréchal (officier d’entraînement), quelques chevaliers, un donat officiant entre le monde laïque et sacré, un chapelain-prêtre ordonné par l’évêque mais dépendant uniquement de la hiérarchie de l’Ordre, puis des tenanciers et paysans qui s’affairent dans le hameau et dans les fermes. On y voyait passer des sergents d’armes, des servants et de très jeunes écuyers d’à peine 14 ans, mais aussi des chevaliers épisodiques sous contrat qui repartaient rapidement vers d’autres Commanderies ou qui s’embarquaient pour la terre Sainte.

Au Nord-Est du village du Gros, à quelques kilomètres, à proximité des ruines d’un petit couvent, une grotte s’ouvrait sur 200 mètres, ancien habitat préhistorique et nécropole gauloise. Posée sur une stalagmite à 50 mètres de l’entrée, une jarre à cordon de l’âge du cuivre appelée improprement " amphore romaine " ou " bénitier " selon les époques, recueillait les gouttelettes de la voûte constituant un précieux point d’eau pour les pèlerins de passage. Ce vase encore utilisé au siècle dernier est aujourd’hui brisé tout recouvert de concrétions.

Au Nord-Ouest, à 6 kilomètres à vol d’oiseau, il y avait aussi ce puits vertical de 40 mètres de profondeur qui se continuait par un boyau tortueux, dont l’accès d’origine était éboulé l’Aven de la Peur ou des trois Gorges : grotte initiatique, on pouvait y voir 7 crânes alignés sur une banquette de pierre taillée par l’homme comme les sept crânes retrouvés dans les Pyrénées dans le cirque de Gavarnie.

Que de noms évocateurs pour les temps futurs au Nord de Lodève, à la limite du département, là où nous avions les domaines de Mayonnettes et Roquezels : le col de Notre Dame et le col Saint Jean ; au Sud-Est de Millau Notre Dame de la Salvage ; près du sommet de Saint Guiral un col de l’Homme Mort, un Blanquefort, et un Mont des Trois Quilles; un lieu nommé Cantobre dominant un ruisseau le Trévezel.

Et la Couvertoirade qui signifiait en occitan "mettre le couvercle", abri, refuge, servant de cachette, les Profanes sauraient-ils comprendre et se souvenir?